La coccidiose bovine
La coccidiose est une maladie parasitaire qui détruit les cellules de l’intestin grêle et du gros intestin. Elle afecte essentiellement les jeunes avec des pertes économiques majeures souvent sous-estimées en atelier veaux.
Quels sont les signes cliniques ?
La coccidiose s’observe majoritairement chez des veaux de 21 jours à 6 mois. Il existe deux formes cliniques : la forme aigue pendant laquelle les veaux sont abattus, présentent de la diarrhée teintée de sang digéré ou de sang en nature (photo 1) et des essais de défécation (« poussements ») improductifs. Cette forme peut être mortelle.
Photo 1: veau en coccidiose aigüe
La forme chronique est la plus fréquente ; le symptôme principal est alors la perte de productivité (GMQ). Les veaux ont souvent le poil piqué et présentent un retard de croissance, sans forcément être lié à une diarrhée (photo 2) ; les veaux sont carencés et peuvent p résenter du pica (troubles du comportement alimentaire avec ingestion d’éléments non comestibles).
Photo 2 : veau en coccidiose chronique
Comment diagnostiquer la maladie ?
Lorsque l’on suspecte la maladie, le mieux est de prélever les selles sur plusieurs animaux (environ 5 par lot suspect) pour réaliser une coproscopie (recherche en laboratoire d’œufs de coccidies, les ookystes (photo 3)). Ces œufs sont très résistants dans le milieu extérieur : ils peuvent survivre et contaminer d’autres veaux pendant plusieurs années
Photo 3 : ookystes observés au microscope
Quels sont les facteurs de risque et comment éviter la coccidiose ?
La coccidiose bovine est en forte recrudescence car la pression environnementale est de plus en plus forte (augmentation de la taille des troupeaux, etc.). Les facteurs de risque sont nombreux ; la prévention et la maîtrise de la coccidiose découlent des facteurs de risque présents dans votre élevage. Mais quelques règles générales sont à respecter (tableau).
Facteurs de risque
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Mesures préventives
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Logement et ambiance dans la nurserie
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Densité des animaux
Lots hétérogènes en âge et en poids Temps d’occupation des bâtiments Vêlages étalés / Absence de vide sanitaire
Absence/Insuffisance de nettoyage et de désinfection entre 2 lots Mauvaise ventilation, hygrométrie élevée, température basse
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Curage complet puis nettoyage à l’eau bouillante sous haute pression du sol, des murs jusqu’à 2 m, des man- geoires et du râtelier.
La désinfection anti-coccidies avec un produit à base d’ammonium (type Prophyl) et le vide sanitaire permettent le maintien d’une bonne hygiène en nurserie
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Stress physique
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Mise en lot Ecornage Castration
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La douleur entraine une baisse d’ingestion et d’immu- nité les jours suivants, avec un risque accru de voir la coccidiose se développer. Ainsi, gérer la douleur est très bénéfique (anesthésie du nerf cornual avant application du bruleur, anesthésie des cordons testiculaires et choix de la technique de castration).
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Stress alimentaire
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Sevrage
Plan alimentaire déséquilibré en azote et/ou énergie Mise à l’herbe
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Le sevrage doit être optimisé pour atténuer les effets du stress psychique et alimentaire. L’alimentation doit être équilibrée en pré- et post-sevrage et il faut éviter toute transition alimentaire brutale.
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Parasitisme et maladies associés
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Parasitisme (souvent sous-évalué):
- Cryptosporidiose, Giardiose
- Strongyloïdose (en élevage laitier)
- Toxocarose (en élevage allaitant)
- Strongyloses (en pâture) (Ostertagia, Cooperia)
BVD
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Bien vermifuger les animaux en stabulation et en première pâture pour ne pas avoir de coccidiose « à l’herbe ».
Des maladies immunodépressives comme le BVD favorisent la coccidiose. En cas de doute, vos vétérinaires sont là pour vous conseiller.
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Tableau : Principaux facteurs de risque et mesures préventives de la coccidiose
Comment maîtriser la coccidiose ?
Le traitement n’a pas pour but d’interdire en permanence le contact entre le veau et le parasite mais de le limiter afin que l’ani- mal développe une immunité. C’est pourquoi, on recommande de repérer les périodes à risque (sevrage, mise à l’herbe, etc.) et de traiter à ces moments-là. Vos vétérinaires peuvent vous aider à cibler ces périodes.
En milieu très contaminé, on est parfois amené à utiliser des anticoccidiens en traitement systématique des veaux lors des périodes à risque, ou à recourir aux aliments médicamenteux. Cependant, ces traitements car ils n’autorisent pas le développe- ment d’une bonne immunité et des cas de coccidioses cliniques peuvent alors survenir à l’arrêt des traitements, sur des veaux plus âgés.
Points forts :
La coccidiose est en recrudescence et ce parasite est très résistant dans le milieu extérieur.
Elle provoque des symptômes parfois peu visibles mais les pertes économiques sont importantes.
Sa maîtrise repose sur la mise en place de moyens préventifs adaptés aux facteurs de risque identifiés dans votre élevage et sur l’administration de traite- ments anti-coccidiens à des moments-clés.
Olivier Samson
Lucille Berenbaum